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Hommage
Le 27 septembre 2017
Hommage à Patrick Fleury
Nous avons appris avec une grande tristesse le décès de Patrick Fleury, le 14 septembre 2017.
À la sortie de l’Ecole Polytechnique (EP), il découvre la Physique des Particules (PP) lors d’un stage à Berkeley. À son retour il devient vite une figure marquante des chambres à bulles (CB). Mandaté par Bernard Gregory, il exploite au CERN la chambre DBC81 construite à Saclay en collaboration avec l’EP et Orsay, étudie l'utilisation du deutérium dans cette chambre, servie par le PS, et dirige un groupe d’analyse (spin du f°, méson "g", etc.). Il mène la construction du faisceau séparé M5 du CERN, issu du PS et d’une grande qualité. À juste titre, Patrick Fleury insistera toujours sur le rôle décisif joué par l’EP et ses acteurs majeurs en CB, à commencer par Louis Leprince-Ringuet, dans la mutation de la PP au CERN, de ses débuts à sa forme moderne. Vu l’implication de B. Gregory au CERN, P. Fleury va assurer la direction effective du laboratoire de l'EP (LPNHE-X) de 1973 à 1975 avant de l’assumer pleinement jusqu’en 1984, période incluant son transfert à Palaiseau. Avec Charles Gregory, il bâtit sur le nouveau site un groupe technique capable de grandes constructions, met en place une forte équipe électronique, ainsi qu’une équipe informatique. Il met sur pied le "groupe solaire" qui deviendra un gros laboratoire, le PICM. Au cours de ces années, P. Fleury a joué un rôle majeur et souvent pionnier dans plusieurs domaines de la physique de l'IN2P3, en accord avec son directeur, J. Yoccoz, ainsi qu’en matière d’intégration à grande échelle (VLSI) et de calcul massif, créant le Centre de Calcul Vectoriel pour la Recherche à Palaiseau et y implantant un CRAY.
Patrick Fleury en 2002 © G. Servajean
Puis P. Fleury conduit la reconversion de son laboratoire vers les détecteurs électroniques et, dès 1968, mène son ouverture au CERN dans ce domaine en intégrant le groupe d’A. Lundby (avec P. Lehmann), puis en s'impliquant dans la physique du spectromètre Omega, et plus tard dans DELPHI. Après son mandat à la tête du laboratoire, et un séjour à Stanford, il mène des expériences sur l’accélérateur Saturne de Saclay, puis décide d’orienter autrement sa carrière, bifurquant vers ce qui deviendra la Physique des Astroparticlues (APP). Ce choix se révélera particulièrement productif, P. Fleury y ayant impulsé puis participé à la création de trois domaines majeurs. Ainsi, il avait pris part, avant Stanford, à la création du laboratoire souterrain du Fréjus, sur la suggestion d’A. Rousset, avant que l’IN2P3 et le CEA ne le prennent en charge. Mais surtout, son rôle sera fondamental dans l'émergence de l'astronomie gamma (AG) depuis le sol et son établissement en véritable discipline, en France et internationalement, via les projets ARTEMIS, CAT, CELESTE et HESS, ainsi que dans l’implication de l'IN2P3 dans le satellite gamma FERMI de la NASA. Avec Eric Paré, il assurera la conception de CAT, premier télescope à imagerie Tcherenkov français qui servira de prototype pour le projet international HESS. En visionnaire, P. Fleury initiera une série de colloques sur l’AG dès 1992, qui a abouti au rassemblement de toutes les équipes du domaine, incluant celles de MAGIC (La Palma) et de VERITAS (Arizona), autour de l’observatoire CTA. Finalement, en tant que président du comité scientifique d'évaluation de VIRGO, il sera un acteur important de l’engagement de l’IN2P3 dans le domaine des ondes gravitationnelles. Le rapport de ce comité fut présenté en 1990, fruit d’un intense travail et de maintes visites aux labos et agences mondiaux concernés. Son avis positif fut décisif pour l’approbation du projet en France par le ministre H. Curien. Patrick Fleury fut un scientifique exceptionnel, un bâtisseur de projets visionnaire, passionné et lucide, d'une grande force intellectuelle et morale, et d'une profonde humanité, toujours soucieux de mettre en confiance et d’aider ses collaborateurs. Ses amis.
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