Accueil > Vie de la recherche > Actualités | |||
Événement
Quand se rencontrent science et fiction
Le 28 janvier dernier, une dizaine d’auteurs francophones de science-fiction sont descendus pour la première fois à 100 mètres de profondeur pour visiter la grotte de l’expérience CMS (Compact Muon Solenoid) avec des chercheurs de l’IN2P3 comme guides. L’occasion de revenir sur la relation entre science et science-fiction...
Cette visite de deux jours financée par les Labex P2IO et Enigmass et organisée par Mathias Echenay des éditions La Volte et Raphaël Granier de Cassagnac du LLR, a permis à différents écrivains de découvrir des machines parmi les plus complexes et sensibles du monde. Au cours de ce voyage, nous avons pu échanger avec ces grands auteurs français de science-fiction (SF) sur leur rapport avec la science, et ce que ce genre littéraire peut lui apporter.
Les auteurs de Science-fiction en visite au CERN @ François Mercier
Vincent Gessler, auteur notamment de Cygnis, pense que : "l’auteur de SF utilise les sciences comme une optique pour penser le monde." Pour Catherine Dufour, Le goût de l’immortalité, le rôle de la SF est plus politique, et doit servir « de lanceur d’alerte pour que le peuple puisse dire : “Attention, là ça va poser un problème éthique” ou au contraire “Là, ça va être un progrès fulgurant”. Cela en fait donc « la base avancée de la science dans l’avenir". Laurent Genefort, Lum’em, tempère : "[La SF] sert et dessert à la fois la science. On peut prendre l’exemple de la popularisation de l’atome en tant que petite planète avec des électrons satellitaires au début du XXe siècle. C’était une facilité pour raconter la science, mais ça restait une gêne car ça ne représente pas la vérité." Quant à Olivier Berenval (Nemrod), s’il reconnaît le rôle de lanceur d’alerte de l’auteur de science-fiction, il ajoute qu’on “ne peut pas réduire une œuvre de SF à cela” : elle possède aussi une qualité littéraire propre. Si la science nourrit les auteurs de SF, comment les auteurs la perçoivent-elle ? "Pour moi c’est la quête de l’accroissement des connaissances de l’humanité au sens large, sans objectif de rentabilité ni arrière-pensée mercantile, comme le fait le CERN", décrit Olivier Berenval. Même son de cloche du côté de François Rouiller, Métaquine, pour qui la science est "la connaissance du monde et de la réalité, la compréhension de ses mécanismes apparents et sous-jacents". "À mon sens, les sciences couplées à la philosophie et à l’art permettent de tout expliquer", conclut Vincent Gessler.
Le détecteur CMS au CERN @ François Mercier
Point d’orgue de la visite, la découverte de CMS, menée par Alexandre Zabi (LLR, CNRS/École polytechnique), a émerveillé et inspiré les auteurs. "Ces accélérateurs, ce sont des merveilles du monde ! Les pyramides ce n’est rien à côté !” s’enthousiasme Vincent Gessler. Voir les instruments de CMS a stimulé l’imaginaire de François Rouiller, qui décrit "le plaisir d’avoir vu des objets qui ont une esthétique, et qui racontent une histoire, notamment visuelle". Laurent Genefort ne boude pas non plus son plaisir : "Je vibre quand j’arrive ici. C’est un plaisir sensoriel de venir au CERN, de côtoyer les plus grandes machines du monde". Seule Catherine Dufour apporte un léger bémol : "Ça a un côté un peu décevant car certaines portes imaginaires se sont refermées. Mais j’y ai gagné en connaissances concrètes, et ça m’a donné 18 nouvelles idées de SF, c’est génial !" Cette initiative a été pensée pour permettre non seulement de stimuler l’imaginaire des auteurs, mais aussi de montrer que ce genre littéraire, parfois critiquée, peut apporter sa pierre à l'édifice du savoir humain.
Ecouter les interviews :
Étaient aussi présents :
En savoir plus :
|
|||