Foire aux questions - Les réponses
Les rayons gamma
Le site de l'expérience CAT à Thémis montre
des résultats de CAT, notamment une ellipse passant par le centre
pour un rayon cosmique et un cercle pour un muon. Cependant, pour quel
type de source obtient-on une ellipse ne passant pas par le centre
? Existe-t-il un autre site où il serait possible de trouver
une telle image ? Par ailleurs, quelle est la surface de la tache au
niveau du miroir en fonction de l'énergie d'un rayon cosmique
et quelles énergies peuvent être captées par les
moyens existants ?
Certaines informations sont disponibles sur les pages
suivantes du
site
de CAT. Toutefois, voici quelques remarques qui peuvent être
utiles.
Par "rayon cosmique", on sous-entend généralement "rayon
cosmique chargé" (électron, proton, noyau d'hélium,
etc), et non pas "rayon gamma". Ces deux types de particules
interagissent avec l'atmosphère lors de leur arrivée
sur la Terre pour donner une cascade de particules secondaires (on
parle de "gerbe atmosphérique") qui émettent
un rayonnement Cherenkov (bleu, UV) enregistré par le télescope.
L'image résultante dans le plan focal de la caméra a
une forme qui dépend de la nature de la particule primaire.
Un proton ou un noyau donne une image diffuse ou éclatée
qui n'a généralement pas de direction privilégiée.
Si l'image possède une direction, celle-ci est aléatoire
car ces cosmiques nous parviennent de façon isotrope. En revanche,
un gamma, ou un électron, donne une image fine et cométaire,
qui dans le cas d'un gamma pointe vers le centre de la caméra,
position de la source astrophysique observée.
Quant aux muons, ce sont des particules secondaires produites uniquement
dans les gerbes dites "hadroniques", celles engendrées
par un proton ou un noyau. Les muons ne sont donc pas des particules
cosmiques puisqu'ils sont créés dans l'atmosphère.
En général suffisamment énergétiques, ils
atteignent le sol sans se désintégrer. Un muon qui passe
au travers du miroir du télescope donne un anneau complet, tandis
que l'anneau est incomplet si le muon passe à côté du
télescope (jusqu'à une limite de détection d'environ
30 m pour CAT). Il peut en particulier arriver qu'un muon soit créé très
loin du télescope et diffuse ensuite par interaction coulombienne
sur les atomes de l'air pour finalement passer près du télescope.
Dans ce cas, celui-ci ne voit pas la gerbe hadronique mais juste l'arc
de cercle produit par le muon. Si cet arc est suffisamment réduit,
il peut être confondu avec une image de gamma. Ce type d'événement
constitue donc un bruit de fond dont il est difficile de s'affranchir.
Au niveau du sol, l'intensité de la tache lumineuse (tache Cherenkov)
produite par une gerbe atmosphérique initiée par un gamma
dépend de la distance par rapport au paramètre d'impact
de la particule primaire, mais présente une forme assez indépendante
de l'énergie : la densité de lumière Cherenkov
est globalement constante jusqu'à environ 120 m (plateau),
et décroît au-delà. Par contre, la hauteur du plateau
(la quantité de photons Cherenkov par unité de surface
dans les 120 premiers mètres) dépend de l'énergie
initiale du gamma et permet ainsi de remonter assez facilement à la
valeur de cette dernière. Compte tenu de la taille de la tache
lumineuse qu'elle produit au sol, une gerbe peut donc être détectée
par un télescope même quand le gamma initial "tombe" loin
de lui, ce qui donne une surface de détection effective très
grande, d'environ 120 m×120 m = plusieurs hectares.
La surface de détection
(ou surface sensible) d'un télescope à effet Cherenkov
atmosphérique n'a donc rien à voir avec la surface physique
de son miroir (18 m2 pour CAT) : elle est en fait beaucoup
plus grande !
L'intervalle le plus haut en énergie étudié par
CAT se situe autour de 20 TeV. Pour Celeste, il est d'environ 500 GeV.
Il dépend de la statistique disponible donc de l'intensité des
sources et de la forme de leur spectre. Quant à la limite inférieure,
il est actuellement difficile de descendre en dessous de 30 GeV (seuil
de Celeste) avec la technique à effet Cherenkov atmosphérique
car la lumière Cherenkov émise est alors si ténue
qu'on ne peut l'extraire du bruit de fond ambiant constitué par
le fond de ciel, les étoiles...
Les satellites, qui eux détectent directement les gamma, sont
opérationnels à beaucoup plus basse énergie, mais
ils sont limités au-delà du GeV par leur faible surface
de détection qui n'excède pas le mètre carré (à comparer
aux hectares ci-dessus !) et par les faibles flux des sources observées
(dont la plupart décroît très rapidement quand
l'énergie augmente). Leur chance d' "attraper" un
gamma diminue donc très vite à mesure que l'énergie
augmente. Le satellite CGRO (Compton gamma-ray observatory) et l'un
de ses détecteurs, Egret, ont ainsi détecté des
sources jusqu'à environ 10 GeV, mais rarement au-delà (quelques
très rares photons seulement, à peine exploitables).
Détruit en juin 2000, CGRO sera remplacé en 2006 par
le satellite Glast (Gamma-ray large array space telescope). Avec une
surface effective de ~ 1 m2, Glast devrait collecter beaucoup plus
de photons. Avec une sensibilité dans la gamme 20 MeV - 300
GeV (environ), il couvrira sans problème l'intervalle en énergie
autour de 20 GeV, pour l'instant inexploré.
frederic.piron@gamum2.in2p3.fr, 24 mars 2003